Ca ne vous manquait pas, vous, le bruit des moteurs, la concentration des pilotes, les commissaires au bord de la piste, les stands où les mécanos s’affairent ? Moi, si, un peu.
En ce mois de juin, j’aurais aimé aller sur l’Ile de Man pour voir le TT, mais mon emploi du temps ne me le permettait pas. Alors pour quand même assouvir mon besoin de voir des pilotes transpirer, de la bécane préparée, des vitesses de fou et des angles de malade, je suis allée à Carcassonne pour voir une course d’endurance de… mobylettes.
Samedi midi, après un trajet (presque) sous le lever de soleil à travers le Cantal, l’Aveyron et la Montagne Noire, j’arrive aux abords du circuit de kart Win’kart, pour retrouver les membres du Gold Coast Racing. Le nom sonne bien. En tout cas mieux qu’ un « Equipe de la Côte d’Or » ou « Ils sont forts et fins », vu qu’ils sont originaires de Dijon.
Gold Coast Racing |
L’équipe |
Leur destrier ? Une mobylette préparée avec amour (et peu de moyens) pendant toutes les soirées du mercredi depuis le début de l’année, abandonnant femmes et enfants pendant ces longues heures pour optimiser leur bolide (et boire des bières). Pour au final se voir recaler parce que le réglement stipule que le moteur doit être d’origine. Arglllll ! Confiants dans leur moteur qui leur permet de participer sans problème à d’autres courses, ils ne se sont pas assez penchés sur le règlement. L’ambiance étant plutôt détendue et bon enfant, les organisateurs ne les mettent pas hors du bitume mais les autorisent à prendre le départ. Le GCR sera chronométré pendant la course et simplement déclassé à la fin.
A 13 h, départ de la course façon Bol d’Or : les pilotes d’une côté de la piste, les mob tenues par un mécano de l’autre, les pilotes courent monter sur leur bécane, les mécanos poussent pour démarrer les moteurs. Et c’est parti pour 24 h dans un nuage de fumée bleue et un concert strident de moteurs de petite cylindrée (bouchons d’oreille obligatoires).
Avant le départ |
Façon Bol d’Or |
Ce qui est bien avec une course de petites cylindrées, c’est qu’elle est accessible à beaucoup de monde. Tournent notamment les élèves d’un lycée dans le cadre d’un projet pédagogique, avec 4 scooters engagés. Ou cette vénérable jaune n°33 du Team Papy Mob’s qui prendra sa retraite à la fin de la course. Elle aura fait les 24 h, mais à son rythme (1’15 au meilleur tour quand d’autres tournaient en moins de 55 secondes). La différence de niveau se retrouve dans la vitesse mais aussi dans la manière d’appréhender les virages.
Déhancher ou ne pas déhancher, that’s the question |
Rien ne sert de courir… |
Autre différence avec les courses d’endurance avec des grosses cylindrées, c’est l’accès à la piste pour la photographe que je suis. D’habitude, il faut une accréditation demandée à l’avance, il y a parfois des restrictions horaires. Là, il a suffi d’une discussion avec les organisateurs (grand merci à eux), d’un gilet jaune, d’une explication sur certains points (rester près des commissaires, ne pas se mettre à l’extérieur des virages) et surtout de faire attention au moment de traverser la piste. C’est donc la première fois que je suis autorisée à traverser un circuit pendant une course : bien regarder à droite et se dépêcher.
Pour le reste, et bien ça ressemble fort à une course d’endurance. Les tours se succèdent, les mob penchent, les virages s’enchaînent.
Différentiel de vitesse |
A l’attaque visière ouverte |
Filé |
Course poursuite |
Surviennent également les inévitables pannes : un moteur qui ratatouille, une chaîne qui saute, un virage mal négocié qui se termine en tonneau et oblige à rentrer remettre la mob en état correct. Pour nos Dijonnais, c’est la chaîne qui fait des siennes, elle saute plusieurs fois mais aura le bon goût de tenir jusqu’au bout.
Panne |
Pousse, mécano, pousse |
Chaîne en fin de vie |
Comme dans toute endurance, les pauses ravitaillement et changement de pilote sont indispensables, précédés par le panneautage pour indiquer au pilote qu’il va devoir bientôt sortir. Par contre, pas besoin de changer les pneus, ils tiendront toute l’endurance. C’est économique, une course en mob !
Stop |
Le plein |
Et ça repart |
Les heures passent et arrive ce que je préfère : la nuit. Las, la pluie a décidé de l’accompagner et vient pendant deux bonnes heures ajouter un peu de glissant à la piste. Elle oblige les pilotes à revêtir la combi pluie sous le gilet jaune obligatoire pour les repérer sur la piste.
Riding under the rain |
Les stands se vident |
Enfilage de combi pluie |
Pendant que les pilotes tournent, l’assistance roupille dans les stands. Sauf les malheureux qui doivent se pencher sur la mécanique.
Comme sur un nuage |
Un petit somme |
Séance réparation |
L’aube finit par arriver.
Au lever du jour |
Et les tours continuent de s’enchaîner sous le soleil qui est réapparu.
Gold Coast Racing |
Autour de la piste, les traits sont un peu tirés. Non pas par l’effort physique, conduire une petite cylindrée n’a rien à voir avec un gros cube. Mais cela reste une endurance et le manque de sommeil se fait un peu ressentir. En plus des cernes sous les yeux, les mécanos ont les mains noires des interventions effectuée sur les mobs.
Mains de mécano |
La matinée passe, midi, puis 13 h : les 24 h de course se sont écoulées, le drapeau à damiers est baissé. S’il n’avait pas été déclassé, le GRC aurait pointé en 7ème position pour laquelle les pilotes se sont bagarrés toute la nuit, faisant comme si, l’important étant de participer. Venant de loin, ils ont eu droit à une coupe. C’est dire le bon esprit avec lequel la course a été organisée.
Drapeau à damiers |
Remise de coupe |
Au final, une bonne endurance, une ambiance très sympa et pas prise de tête, des angles de têtus pour certains, une course accessible à tous les niveaux : c’était bien !