20 – Un tour à Touristland avec des vrais morceaux de Maroc dedans

Publié le 28 janvier 2004

Mercredi 28 janvier
Aït Benhaddou – Tizi-n-Tichka – Aït Ourir – Demnate


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Vers Ouarzazate

De bon matin, nous commençons la route par une piste. En fait, un raccourci qui nous évite de remonter quasiment jusqu’à Ouarzazate et nous fait gagner une trentaine de kilomètres. Six kilomètres de cailloux, ça nous suffit amplement. Nous remontons vers le Tizi-n-Tichka, qui reste décidemment bien différent et surtout moins impressionnant que le Tizi-n-Test. Mais la descente vers Marrakech reste sympa, avec d’abord des montagnes dénudées, puis un oued en fond de vallée, puis de la terre rouge avec des arbres verts. C’est étonnant comment on peut oublier un paysage en quelques jours. Au fond des oueds, on voit beaucoup de femmes laver des tapis et les faire sécher sur les rochers. La préparation de l’Haïd est multicolore.

A Aït Ourir, nous quittons la direction Marrakech pour aller vers Demnate. Cela nous fait traverser une grande plaine sans intérêt, si ce n’est de nous reposer après toutes ces routes de montagnes. Un peu avant Demnate, le paysage change un peu, devient plus vallonné, plus arboré aussi. Il y a des champs d’oliviers un peu partout.

A Demnate, nous cherchons un hôtel. Un poisson-pilote, Khalid, nous en indique un à l’entrée de la ville. Sam discute avec lui pour nous trouver un soudeur qui pourra réparer mon réservoir qui suinte légèrement. Il a dû être percé lors d’une de mes chutes mais l’autocollant dessus avait caché les dégâts. Autocollant que j’ai eu la mauvaise idée de décoller deux jours plus tôt (je n’aime pas les autocollants). Après avoir laissé les bagages à l’hôtel, Sam et Khalid partent chez le soudeur. Je les rejoins à pied avec rendez-vous avec Khalid en bas de la mosquée. Nous nous ratons, et je me retrouve à attendre pendant cinq bonnes minutes, seule, au milieu des hommes qui sortent de la mosquée ou qui se baladent dans la rue. Mal à l’aise. Khalid finit par arriver et m’emmène chez le soudeur, dans une ruelle derrière. La réparation se fait avec une sorte de mastic sur mon réservoir. Cela doit, paraît-il, tenir au moins jusqu’en France. Ca se remettra à suinter dès le lendemain !


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Avec Khalid et Micham

Une fois la réparation effectuée, nous partons visiter la ville avec Khalid, qui est non seulement très sympa mais en plus, n’essaye pas de nous refourguer quelque chose. Grâce à lui, nous achetons de la viande chez le boucher et nous l’apportons à cuire au restaurant. Impossible à faire en France mais courant ici semble-t-il. Khalid nous raconte un peu sa vie, il fait une formation d’électricien et travaille avec un entrepreneur en bâtiment, mais rêve de devenir guide de haute montagne. Le hic : il n’y a qu’une école, très peu de places, qui sont surtout attribuées sur bakchich. Or Khalid ne veut pas payer, il veut avoir sa place grâce au concours d’entrée. Cela fait déjà deux fois qu’il est refusé. Il va peut-être aussi bientôt aller à Marrakech, rejoindre sa famille. Son père est instituteur. Apprenant que Sam est informaticien, Khalid nous parle aussi d’un problème de lecture de films sur un ordinateur. N’écoutant que son bon coeur et surtout ravi de jouer les zorro, Sam se propose de regarder la chose dès le lendemain matin. Nous continuons la soirée dans un café internet pour mettre le site à jour.

Et nous finissons sur une crise de fou rire à l’hôtel : je me retrouve d’abord coincée dans les toilettes, à cause de la clanche des toilettes cassée, qui se tourne du mauvais côté et m’empêche d’ouvrir la porte. Ensuite, la poignée de la porte de la chambre reste dans la main de Sam, cinq minutes après être restée dans la mienne. Quand nous demandons des draps au veilleur de nuit, il nous affirme que nous en avons. Marrant, on aurait plutôt dit un dessus de lit sale. Enfin, je vais fermer la fenêtre du couloir pour essayer d’atténuer un peu le bruit de la rue. Las, elle n’a pas de carreau, la fermer ne sert à rien. Cette accumulation en quelques minutes finit par nous faire rire. Bizarrement, c’est un des hôtels où nous avons le mieux dormi ces derniers temps.

Jeudi 29 janvier
Demnate – Imi n Ifri – Demnate – Khémis Majden – Cascades d’Ouzoud

Ce matin, nous jouons les touristes en allant voir le pont naturel d’Imi n Ifri, avec un bout de piste si l’envie nous en dit. Nous devons être de retour pour 11h, pour que Sam aille regarder l’ordinateur de Khalid. Il ne fait pas très beau, le ciel est assez couvert.


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Le pont naturel

Le site n’a pas un intérêt fabuleux. Nous faisons le tour du pont : descente jusqu’à la rivière, traversée sous le pont et ses stalactites, au milieu de la boue et des crottes d’oiseaux qui jonchent le sol, puis remontée de l’autre côté. Arrivés en haut, à côté de nos motos, Sam s’aperçoit qu’il a perdu un gant dans la balade. Il repart. A la moitié de la descente, un des enfants qui sont en haut du pont aperçoit le gant, tout en bas, à côté de la rivière, et part aussi sec pour aller le chercher. Pas par le chemin, c’est trop long… Directement par les rochers. Il arrive en même temps que Sam au gant, et remonte aussi deux fois plus vite, toujours par les rochers. Petit thé pour nous remettre de ces grandes émotions. Nous éliminons l’option balade sur la piste, car la piste n’existe tout simplement plus. Maintenant, c’est une route qui va jusqu’à Ouarzazate.. Dommage que nous ne l’ayons pas su avant, nous l’aurions prise après Aït Benhaddou au lieu de faire le Tizi n Tichka une deuxième fois.

Puis nous rentrons à Demnate où nous retrouvons Khalid. Une fois expliqué comment faire marcher le bon logiciel et après avoir refusé une invitation à venir manger le couscous qui nous a beaucoup touché, nous prenons la route direction les cascades d’Ouzoud. Un des plus beaux sites du Maroc parait-il. Sous le soleil, peut-être, mais sous la pluie, nous n’avons pas trouvé ça terrible.


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Cascade d’Oouzoud

Certes, les cascades en elles-même, qui font plus de cent mètres de haut, sont impressionnantes et belles. Mais elles sont encadrées de gargottes touristiques de haut en bas, ce qui enlève un peu au charme naturel de l’endroit.


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Vue de là-haut

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Paysage

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Bord de rivière

En haut, il y a des moulins à blé, avec meule en pierre, qui utilisent le courant de la rivière. Nous descendons du côté touristique, avec chemin aménagé. Mais nous remontons de l’autre côté, au milieu des oliviers. La cueillette des olives vient de se terminer et les olives noires écrasées jonchent le sol. De ce côté-ci, c’est bien plus joli, la balade est agréable.

Pour l’hôtel, nous avons un peu hésité. Après avoir éliminé la solution du camping, pas très agréable, nous avons visité un hôtel « de luxe », en pisé, avec de jolies chambres, des terrasses et un prix un peu exagéré. Finalement, on se rabat sur un hôtel conseillé par notre guide. Ce sera une des rares fois où on sera déçu par ses recommandations. Nous avons droit à la seule chambre avec porte vitrée, ce qui nous fait profiter de la lumière du couloir. Les lavabos des chambres ne fonctionnent pas, l’accueil est assez froid et les douches sont faites dans des toilettes à la turque et visiblement, certains clients n’ont pas compris la différence… Le soir, nous mangeons à l’extérieur, dans un restaurant médiocre. Nous rentrons vers l’hôtel à la tombée de la nuit.

Pas très loin de l’hôtel, nous passons à côté d’un bâtiment et par la porte entr’ouverte, nous apercevons un âne en train de tourner. On hésite un peu, et on finit par glisser la tête. Trois hommes travaillent au pressage de l’huile, avec une grosse meule en pierre actionnée par un âne. Très sympa, ils nous font entrer et, à la lueur d’une lampe à gaz, nous expliquent comment les olives sont écrasées avec la meule en pierre, puis mises dans des paniers en roseaux qui sont empilés les uns sur les autres puis pressés. L’huile est récupérée dans des bacs carrelés. Ils nous offrent le thé, nous font goûter l’huile. On bavarde un peu, de la France, du Maroc, des voyages. Puis nous les laissons continuer de travailler, ils en ont encore pour trois jours. Le plus intéressant dans ce site touristique du Maroc, ce n’était pas les cascades.


Maroc 2004, Moto, Un peu d'air pur