09 – Maroc 2004 – Opération à coeur ouvert sur mon DR

Publié le 12 janvier 2004

Lundi 12 janvier
Zagora – Mahmid


Maroc_123.JPG
Ruelle au petit matin

A huit heures et quelques, Sam et moi apportons le DR au garage pour l’opération.


Maroc_124.JPG
Le garage est sur le trottoir

Maroc_125.JPG
L’opération commence

Description du garage : un local de deux mètres de large et quatre de long, rempli de bric à brac (dont une théière), aux murs recouverts de photos et autocollants. Sur le côté, à l’extérieur, une porte qui ouvre sur un escalier. Celui-ci sert de caisse à outils et permet l’accès à la réserve à l’étage, minuscule pièce où l’on trouve de tout : pièces de voiture et pièces de moto en tout genre, neuves ou usagées. L’atelier de réparation : dehors, sur le trottoir.


Maroc_126.JPG
Beaucoup de mains et peu d’espace

L’opération commence et le couvre culasse est démonté sous l’oeil inquiet de Sam qui n’est pas du tout rassuré de voir mon moteur ouvert comme ça au milieu du trottoir et de la poussière. L’opération, qui était censée être rapide (deux heures) traîne en longueur. Les différents mécano passent leur temps à aller chercher les pièces qui manquent (écrous, boulons) ou les outils nécessaires. Il a même fallu faire appel à un spécialiste des tarauds.


Maroc_129.JPG
A la boutique d’à côté

Pendant ce temps, je me balade un peu. Je vais visiter la boutique à côté (objets en tout genre, bijoux et pacotilles). J’ai failli me laisser tenter, mais finalement non, ce n’est pas le genre de souvenir que j’ai envie de rapporter. Et puis les prix annoncés sont bien trop chers et je n’ai pas envie de passer trois heures à négocier. Je vais aussi en ville, pour tenter de trouver le Guide du Routard. Je ne trouve que le Geoguide du Maroc, qui se révèlera être un très bon outil pour voyager. A 13h30, mon moteur est remonté, Un mécano fait un (long) essai (en fait, il a calé et a eu du mal à redémarrer). Je fais 500 m avec la moto, ça a l’air d’aller.


Maroc_127.JPG
Opération terminée

Maroc_128.JPG
Les chirurgiens et moi

On fait quelques photos souvenirs avec les mécano, je demande au vendeur d’à côté s’il connait un hôtel bien et pas cher vers Mahmid et c’est munis du nom du « Pacha » que nous partons. La route est jolie et serpente dans des petits villages.

A Tamegroute, pause poterie. Je suis venue au Maroc entre autres pour voir des potiers, mais vu l’ambiance, je n’ai pas voulu retarder le groupe avec une visite d’atelier. Là, j’en profite que nous sommes seuls avec Sam.
A peine arrivés, nous sommes abordés par un mec qui nous propose la visite de la poterie. Je laisse Sam garder motos et bagages et je le suis. Il me montre d’abord les ateliers et m’explique comment fonctionne la coopérative. Les potiers vont chercher la terre dans une palmeraie à 4 km, la font sécher, puis la diluent et la filtrent avant de la faire de nouveau sécher au soleil jusqu’à ce qu’elle est la bonne consistance pour être tournée. Les tours sont au niveau du sol et le tourneur est en fait « encastré » dans le sol. La roue pour actionner le tour au pied est enterrée. Le mec me fait une démonstration rapide de mini-tajines et je demande à essayer. J’ai un peu de mal à m’asseoir sur ce tour, le pantalon moto, avec les protections n’aidant pas spécialement à la souplesse… Je lance le tour avec le pied. Oups, mais c’est que ça donne des mouvements parasites ! J’essaye de centrer vaguement, puis de monter la terre. Ca s’écroule rapidement, j’ai du mal à coordonner les mouvements.

Ensuite, le mec m’emmène voir les fours. Il me montre de beaux fours à gaz, remplis de biscuits en vrac. Ces fours, financés par des associations allemandes, sont censés être utilisés pour la cuisson de biscuit, pour épargner les arbres de la région (les autres cuissons se font au bois). J’ai plutôt l’impression qu’ils ne doivent pas servir souvent et sont surtout montrés aux touristes pour dire « vous voyez, on fait attention à l’environnement ».

Les fours à bois sont à côté. Il y en a plusieurs, six ou sept, permettant de cuire en cinq ou six heures. Pour l’enfournement, ils ne s’embêtent pas comme on peut le faire en France : pas de plaque pour bien séparer les pièces, ici, ils les empilent les unes sur les autres, séparées par des « pieds de coqs », sortes de trépieds. Les pièces reposent sur trois pattes qui sont décollées après la cuisson. Cela laisse quelques traces, qui seraient inacceptables en France, mais qui passent ici, voire même qui font partie du folklore. J’ai voulu prendre des photos, mais un des hommes qui faisait une cuisson n’a pas voulu. Même si les potiers sont en coopérative, ils ont l’air de travailler chacun pour soi. Or l’homme au four, visiblement, ne travaille pas avec mon guide…

En dernier, visite de la boutique, où se déroule une discussion surréaliste pour un potier. Me montrant certaines pièces, mon guide m’affirme cuire à 1300 °C. Pour info, la cuisson à de telles températures ne se fait pas dans n’importe quel four et n’est pas habituelle dans cette région du monde. De plus, la terre utilisée traditionnellement, de la faïence, ne supporte pas une température aussi élevée, le résultat dans ce cas étant au mieux un pot très déformé à la cuisson, au pire une flaque noirâtre étalée au fond du four. Je vérifie : la terre est poreuse, c’est donc de la faïence, la cuisson à 1300°C est impossible. Mon guide est étonné quand je lui dis que, non, ce n’est pas cuit à 1300°C et me montre une autre pièce. Toujours en faïence. Après cinq minutes de discussion, pas forcément évidente vu le français approximatif de mon guide et mon arabe inexistant, je finis par comprendre qu’en fait, 1300°C, c’est le total, entre la première cuisson, à 1000°C, qui durcit les pièces, et la deuxième, à 300°C, qui permet de fixer la décoration… La tête de mon guide quand je lui dis que je cuis, selon son système, à … 2300°C ! (1000°C+1300°C). Dans la boutique, rien ne me plaît particulièrement. On repart.

A cinq kilomètres avant Mahmid, nous trouvons l’hôtel « Chez le Pacha ». Indiquant que nous venons de la part de Douhad (« Douhad ? Ah oui, David »), nous négocions une nuit sous les tentes berbères pour deux et le repas du soir. C’est notre plus belle négociation, mais nous avons promis de ne pas dire combien nous avons payé…


Maroc_130.JPG
Camping de luxe

L’endroit est enchanteur : des tentes de « luxe » avec vrai lit, tentures intérieures et électricité, une petite fontaine qui glougloute, de la végétation -un peu parsemée, mais nous sommes en janvier- et un bloc sanitaire impeccable. Le repas est délicieux et les gens qui tiennent cet hôtel sont adorables. C’est une des bonnes étapes de notre voyage.
Le seul point négatif, c’est la toux persistante et douloureuse que j’ai depuis la veille. Mais ça, ce n’est pas la faute de l’hôtel.


Maroc 2004, Moto, Un peu d'air pur