Dernier portrait des pilotes du team, Sébastien, dit sml, qui est un peu à l’origine du groupe, avec sa façon de lâcher un « et si on faisait… ? » de son air nonchalant. Grand voyageur, avec un bon coup de guidon, toujours en vadrouille, super organisé et en même temps toujours à l’arrache, c’est surtout un grand optimiste, qui voit la vie en bleu ciel (depuis les avions qu’il pilote) et cultive la zen-attitude.
Depuis quand et surtout pourquoi fais-tu de la moto ?
Mon premier 2-roues à moteur, c’était un Solex 3300, cadeau de mon père pour mes 14 ans, en 1990. Puis ma 1ère « vraie » moto, une MTX 125, en 1993. Et je ne suis quasiment descendu de selle depuis, sauf pour mes études.
Pourquoi ? Aucune idée. C’est « naturel », en fait. Mon père allait bosser en Solex, puis en Motobec’. Alors j’ai acheté Mob Chop. Puis Moto Journal.
Les MJ à la maison ont ravivé ses envie de permis gros cubes. J’avais 16 ans, lui 43, quand il l’a passé et ramené une Transalp à la maison. Il s’est mis à faire de la moto, alors tout naturellement, dès que j’ai eu l’âge, je lui ai emboité le pas. Je ne me souviens pas d’un déclencheur. Je sais juste que ça a toujours été là…
Au début j’en faisais juste pour le plaisir d’en faire. Ayant grandi au pied des Pyrénées, la région était propice. Je roulais toujours avec les mêmes deux copains. Puis en 1997 j’ai découvert Internet et le forum fr.rec.moto. Et ça a été une révélation pour moi. J’ai découvert que la moto était aussi synonyme de rencontres, de voyages, de découvertes. L’été 1999, j’ai fait mon premier tour de France, et le goût du voyage ne m’a plus jamais lâché.
Quelles sont tes expériences marquantes ?
Il y en a tant en 300.000 km ! Les plus beaux souvenirs, je pense que ce sont les kilomètres passés à rouler à deux motos, de concert, en couple. A sentir l’harmonie entre les deux, sans communiquer, juste en partageant le même instant. Ca m’a toujours ému. Les expériences avec mon père aussi. Au Vietnam en 2009 et plus récement au Ladakh. La moto pour la découverte de nouveaux horizons, pour la rencontre, bien loin des « arsouilles » habituelles avec les copains. La moto comme moyen d’aller vers l’autre.
Et au niveau rallye ?
Incontestablement, la nuit du Dourdou 2008. 150 km à fond, sous la flotte, dans le brouilard, en permanence à la limite, avec mon pote Benjamin. Et la fierté d’avoir pointé à zéro au bout de la nuit, malgré des temps ridicules en spéciales. L’UR2009 restera un grand moment aussi, autant qu’une grande déception de ne pas avoir su pointer dans les temps à l’issue du parcours de rassemblement.
Dans la spéciale de Marcillat lors de l’UR2009
Quels sont tes objectifs pour ce rallye ? Dans quel état d’esprit y vas-tu ?
Comme tous les membres de l’équipe je pense à me faire plaisir, ne pas me faire mal, et ne pas être trop ridicule au classement. Ca reste une compétition et on a sa fierté quand même 😉
Parle-nous un peu de ta moto : pourquoi celle-là ? Depuis combien de temps l’as-tu ?
Ma moto est une KTM 950 SM de 2006 qui frise les 100.000 km. Je l’ai achetée quasi-neuve il y a 6 ans et je ne l’ai plus lâchée depuis. C’est la synthèse parfaite de ce que je préférais dans mes précédentes motos : une partie cycle impériale accueillant un twin rageur et puissant. Et aujourd’hui encore, j’ai bien du mal à savoir par quoi je la remplacerai un jour.
Pourtant, ça avait plutôt mal commencé entre vous deux, puisque tu as rencontré un sanglier à quelques dizaines de kilomètres de la concession où tu l’avais achetée. D’ailleurs ceux qui te connaissent savent qu’un chat noir circule régulièrement autour de tes bécanes. As-tu fait appel à un sorcier vaudou pour être sûr de ne pas avoir de pépin pendant le DDMT ? (et accessoirement, peux-tu me donner son adresse ?)
Au contraire, la relation a très bien commencé entre la KTM et moi ! Dès le premier jour, elle m’a montré que je pourrai toujours compter sur elle, et que quelles que soit les maltraitances que je lui infligerai, elle se relèvera et sera toujours là pour me mener à bon port. Elle ne m’avait pas menti et ne m’a jamais lâché depuis, malgré tout ce que je lui ai fait subir ! Et si c’est vrai que par le passé j’ai parfois perdu mon Modjo, les chats noirs, ma KTM les mange au petit déjeuner !!
Comment penses-tu que la semaine va se dérouler ?
A 100 à l’heure, avec le stressomètre dans le rouge pendant 8 jours ! Des nuits courtes et inconfortables, des journées sur les chapeaux de roues, des aléas en pagaille… je sens qu’on va bien s’amuser, mais assez peu se reposer !
Est-ce que tu connais bien les autres membres de l’équipe ?
Plutôt pas mal dans l’ensemble… Avec certains, comme François, notre rencontre remonte à plus de 15 ans maintenant ! D’autres rencontres, comme Marie, sont plus récentes, mais je pense avoir appris à connaître chacun suffisament pour avoir une pleine confiance en tout le monde, aussi bien côté assistance pour être présents et efficaces que côté pilotes pour partager le même état d’esprit, cette envie de bien faire tout en gardant les pieds sur terre : « faire les choses sérieusement, mais sans se prendre au sérieux ». Nous avons chacun nos sensibilités bien sûr, mais je n’ai aucun doute sur le fait que la mayonnaise prendra rapidement, que le VTwin Sport Club sera une belle équipe !!
Tu signes souvent tes mails d’une petite phrase, souvent pleine d’optimisme. Quelle est celle du moment ?
Il y en a tant qui m’accompagnent, c’est dur de choisir. Celle qui est le plus profondément ancrée au fond de moi est une citation d’Alain : « L’important, ce n’est pas d’être différent des autres, mais d’être différent de soi », qui me rappelle chaque jour combien il est important de savoir se remettre en question pour avancer. Sur un ton plus léger, j’adore cette petite phrase par laquelle l’humoriste Jean-Jacques Vannier concluait ses chroniques radio, que j’écoutais quand j’étais ado : « A part ça, la vie est belle et c’est tant mieux ». Je ne saurais vraiment mieux dire !
Est-ce qu’il y a des choses dont tu voudrais parler en plus ?
Bien entendu, il faut encore et toujours saluer le rôle fondamental des assistants, pour qui ce sera également une course éprouvante, et sans lesquels les pilotes ne pourraient rien. Merci à eux d’être là, pour nous.
Mais surtout, je voudrais dédier ce portait à Antoine Collignon, dit « Artkore », tragiquement décédé le 2 septembre dernier sur le cricuit du Vigeant. Il était la gentillesse même et il incarnait pour moi ce que la passion peut porter de meilleur. Passionné de moto sous toutes ses formes, dessinateur de talent (on lui doit le logo du VTSC), fondateur / rédacteur du magazine Street Monsters, initiateur / organisateur de la Monster Race, toujours une bière au frais pour les copains dans le frigo, des étincelles et des envies pleins les yeux… Je garderai de chacun des moments partagés avec lui ces dix dernières années le souvenir d’un petit gars aussi menu qu’investi, aussi sage et discret qu’entreprenant et innovant, aussi passionné qu’ouvert. So long Antoine. Tu dois déjà être en train de bosser sur « Cloud Monsters » là-haut. Mais ici-bas, tu vas sacrément me manquer !!