Cela fait deux semaines que les courses sont finies. Depuis, le paddock est vidé depuis longtemps, les tentes ont été repliées, motos, caravanes, camions et camping-cars ont repris le chemin de la France, certains pilotes ont même déjà refait des courses.
Ces fins de courses, c’est comme les fins de week-end entre potes, un moment que je déteste, quand tout le monde se sépare, que chacun rentre chez soi. C’est triste un paddock clairsemé, avec juste au sol les traces des tentes sous la forme d’une herbe anémiée.
On remballe le campement |
Les remises de prix ont eu lieu dès le mercredi pour les newcomers et le vendredi soir pour les autres catégories, avec médaille, trophée et/ou statuette réplica en fonction des résultats.
L’émotion du podium |
Content de sa médaille |
Replica méritée |
Quinze jours après, que me reste-t’il de tout ça ? De beaux souvenirs, un paquet de photos à retravailler, un projet sur lequel il va falloir bosser. Des émotions fortes qui ne demandent qu’à ressortir à l’évocation d’une anecdote ou en regardant une photo. Et surtout l’envie d’y retourner un jour. De toutes les compétitions auxquelles j’ai assisté, c’est celle qui m’a le plus fait vibrer en tant que spectatrice. Le cadre d’un circuit est fermé, limité. Ici, on a 60 km pour choisir où s’installer, en ville, dans un village ou perdu au milieu des champs. Une course classique dure quelques jours, ici, il y a à voir pendant deux semaines. Sur circuit, le paddock est difficilement accessible. Ici, il est complètement ouvert. On peut parler avec les pilotes, voir leurs motos sans avoir besoin de passe. J’ai aimé aussi la variété des spectateurs, il y a tous les âges, toutes les nationalités. Les hommes et aussi les machines : vieilles Anglaises et Tchèques vénérables côtoient jeunes Japonaises et Italiennes à peine rodées.
Jawa |
Et il y a tout le reste autour de la course, tous les à-côtés. D’abord le camping de Glynne et Eddie où je suis restée pendant quinze jours, fait pour qu’on se sente comme à la maison, et ça marche. La cuisine s’est transformée certains soirs en salle de jeux internationale avec comptage des points en plusieurs langues comme à l’Eurovision.
Jeu de pub |
La cour et les hangars, prévus pour garer les motos, deviennent à l’occasion salon de discussion (avec vue sur la mer) et atelier mécanique. Sur la deuxième semaine, je ne suis pas la seule à avoir eu des soucis avec ma moto, on compte également un suicide de roulement de roue et un alternateur qui a fait des siennes. Et à chaque fois, même solidarité, aide spontanée pour les recherches de panne et de solutions.
Papotage |
Démontage |
J’veux pas voir ça |
Il y a bien sûr le cadre de l’île, tellement beau. La mer, omniprésente.
La mer |
C’est déjà Noël à Douglas |
Plage |
La bruyère, qui recouvre toute la montagne en cette fin d’été, juste parsemée par-ci par-là des taches blanches des moutons.
De bruyère et de pierres |
Bruyère sur les sommets |
Invitation à la marche |
C’est une île chargée d’histoire, que je n’ai pas eu assez l’occasion de découvrir. C’est aussi pour cela qu’il faudra que j’y retourne.
Eglise |
Ancienne mine |
Et puis il y a quelques endroits un peu magiques, hors du temps, hors de tout, où un banc invite à s’asseoir et à simplement regarder le chemin s’en aller, en écoutant les vagues au loin, les oiseaux tout près.
Le chemin qui ne mène nulle part |
C’est tout ce contraste que j’ai aimé : la folie de la course, le bruit des moteurs, l’adrénaline qui monte, ces routes qui invitent à la vitesse, la quiétude des endroits perdus, la beauté des paysages, les chemins où l’on prend le temps et ces autres routes où on ne roule pas vite parce qu’elles ne sont pas faites pour. Contraste humain aussi, avec des pilotes venus se confronter à quelque chose de grand et dangereux, qui bossent leurs gammes tous les jours, et des spectateurs en vacances, qui alternent posage de cul au bord de la route pour voir les motos passer, visites touristiques et bullage. Tous ces éléments unis autour de la moto m’ont pris aux tripes et m’ont fait rester deux semaines complètes quand, avant d’arriver, je pensais qu’une seule suffirait largement. Contraste et unisson, je trouve que ça définit bien ce que j’ai vécu là-bas.