22 – Maroc – C’est facile, c’est toujours à gauche

Publié le 31 janvier 2004

Samedi 31 janvier
Khenifra – Aguelmime Azigza – sources de l’Oum Er Rbia – Ajabo – Ainleuh – Azrou

Nous avons droit à un réveil au son du clairon (l’hôtel est juste à côté de la caserne) et aux craquètements des cigognes. Le road-book d’aujourd’hui nous fait encore passer par la montagne. Les premiers kilomètres, nous voyons beaucoup de jolies maisons, sans doute la banlieue « chic » de Khenifra, même si les routes sont en mauvais état. L’endroit a beaucoup de charme. La route me fait penser celles qu’on trouve en Ardèche : viroleuse, bitume accrocheur, entourée d’arbres à petites feuilles.


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Lac d’Aguelmame Azigza

Nous arrivons assez vite au lac d’Aguelmame Azigza, bleu turquoise (enfin, ça dépend sous quel angle on le regarde). A partir du lac, nous voulons prendre une piste pour rejoindre les sources de l’Oum Er Rbia. Un mec vient discuter avec nous. La piste que nous voulons prendre est la bonne, c’est un sentier de randonnée qui passe au milieu de la forêt. Mais il nous en indique une autre, plus jolie parait-il car passant par des villages, des montagnes. « C’est facile, vous contournez le lac et après, c’est toujours à gauche », explique-t-il.


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Ca glisse

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Pause déjeuner

Nous passons donc à droite du lac. Quand le bitume s’arrête, les choses se gâtent : il y a de la boue. Pas énormément, mais c’est la première fois. Alors, forcément, ça impressionne un peu. Le premier bourbier passé, nous nous arrêtons pour manger un peu. Comme d’habitude, nous sommes partis sans petit-déjeuner et il commence à faire faim. Nous ouvrons les boîtes de scrombo (poisson indéterminé, peut-être du maquereau), et finissons nos dernières clémentines.

Le digestif est sympa : un deuxième bourbier, plus conséquent que le premier. Pour parfaire le tableau, les flaques d’eau sont gelées. Il fait beau, dans le Moyen-Atlas, mais pas très chaud. Nous passons ces quelques mètres de gadoue sous l’oeil d’un berger. Ensuite, la piste s’assèche : terre et quelques cailloux, ça passe sans problème. Nous arrivons à notre premier croisement. Cela me semble retourner bien vite sur le lac mais comme le mec nous a dit « toujours à gauche », nous prenons à gauche. La piste ne s’améliore pas franchement, il y a de plus en plus de cailloux. Nous nous retrouvons face à une montée un peu rude, semblable à la « montée infernale » vers Jaffar. Sam la monte. J’inspire un grand coup, j’arrête de réfléchir et j’y vais. Et ça passe sans trop de problèmes. En haut, Sam est surpris de me voir arriver. Il s’apprêtait à descendre venir chercher ma moto. « Tu l’as fait, tu as monté cette côte ». « Bah oui »…

Nous posons les motos et je pars faire une petite reconnaissance à pied. Ca descend un peu et débouche sur une grande clairière. J’appelle Sam pour qu’il vienne voir. Parce que dans la clairière, il y a un grand champ labouré, une petite bergerie et surtout la piste… qui s’arrête. Il n’y a personne, c’est calme, paisible, beau. Il est trois heures de l’après-midi. Une grande étendue d’herbe sans trop de cailloux n’attend que notre tente. Il y a du bois en pagaille pour faire un joli feu. Je m’imagine bien rester ici pour la fin de l’après-midi et faire un bivouac en amoureux. Mais Sam ne le voit pas vraiment comme ça. Il est très énervé d’être perdu (Sam n’aime pas du tout être perdu) et veut être à Meknes ce soir, comme nous l’avons prévu (il n’aime pas du tout qu’un plan ne se déroule pas comme il l’avait prévu). Je n’insiste pas, je n’ai pas envie qu’il reste ici à contrecoeur. Nous faisons donc demi-tour. La descente n’est pas si infernale que ça, je la fais en première, avec un ralenti réglé un peu haut (sinon ma moto cale facilement, elle est sensible à l’altitude).


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Perdus dans la montagne

Le reste de la piste se passe bien, et même les bourbiers me semblent plus facile, même si Sam prend ma moto pour la deuxième moitié du plus grand. Nous n’avons pas fait beaucoup de kilomètres, mais nous sommes crottés des bottes jusqu’au casque.


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On retrouve le bitume

Il commence à se faire tard quand nous rejoignons la route. Nous passons les sources de l’Oum Er Rbia, qui donnent naissance à une grande rivière que nous suivons pendant quelques kilomètres. Nous traversons des villages berbères, où les enfants sont particulièrement pénibles, hurlant « stylos » à notre passage. Dans la forêt, nous doublons un couple en VTT à bien 20 km du village le plus proche, et alors que la nuit tombe. De nuit, nous passons Ajabo et Ainleuh, aux maisons en pierre et aux toits pentus. Nous laissons de côté la route touristique, le but est d’arriver à Azrou le plus vite possible. Ce sera donc par une route toute droite, avec toujours un seul phare pour deux motos. Azrou ne nous semble pas avoir un charme particulier. Au restaurant, la tajine est copieuse, la note aussi. Il suffit de recompter pour arriver à la faire baisser. Désagréable. Heureusement, l’hôtel est bien. Le soir, coup de fil à Gilles et Mélanie, que nous devions peut-être rejoindre au nord du pays dimanche soir. Ils ont été invités du côté de Rabbat et ne seront pas dans le nord avant deux jours. Avec Sam, nous décidons d’aller visiter à Chefchaouen, que nous n’avons pas vu à la descente et qui est, parait-il, une très jolie ville.


Maroc 2004, Moto, Un peu d'air pur