Ode à ma SV

Publié le 9 novembre 2002

Ode à ma SV
Ou comment une petite moto bleue a changé ma vie en un an et 37000 km…
Le 7 novembre 2001, je prends le guidon de ma SV, ma deuxième moto et ma première moto neuve. Toute émue, je cale à peine partie du parking du concessionnaire. Un petit coup de démarreur pour remettre le moteur en route et hop, c’est parti pour une belle histoire entre elle et moi.

A l’époque, je suis journaliste, avec un gros ras le bol de Paris, gros ras le bol d’être pigiste (journaliste indépendante) et aucun intérêt pour le boulot que j’avais trouvé. Ceux qui connaissent 01 Informatique savent que ce canard n’est pas passionnant à lire. Il ne l’est pas plus à écrire. Au 1erjanvier, mon CDD s’arrête et je me retrouve au chômage. Avec donc du temps libre pour rouler. A l’époque, je roule quasiment tout le temps toute seule. Mais via la liste Alternative, je commence à connaître d’autres motards. Laurent, notamment, grâce à qui je peux aller à la Tromph Party, le 1er mars 2002. Pendant ce week-end, double révélation: je découvre le plaisir de pencher et je rencontre des tas de gens sympathiques. C’est là que ma vie bascule une première fois dans un univers parallèle. De mars à septembre, je passer mon temps à rouler et à découvrir la France (pas toute, malheureusement).


Je connaissais un peu l’Auvergne et le Limousin, je les explore et les aime encore plus. Je n’étais jamais allée dans les Alpes, sauf pour quelques semaines de skis, j’y vois en mai des paysages tellement grandioses que j’en ai pleuré sous mon casque. J’assiste également au spectacle des champs de coquelicots en Provence, je retourne profiter plusieurs fois des gorges de l’Ardèche et ce qui est autour. Je fais frotter les cale-pieds du côté d’Aix en Provence, je parcours le Morvan en long et en large (pas encore en travers). Je me fais chier sur les lignes droites du Médoc et sur les autoroutes que j’ai bien été obligée prendre de temps en temps. En Italie, je parcours les routes défoncées de montagne. Je me rends compte au long de ces mois de roulage que j’aime les toutes petites routes, celles où on roule à 60 km/h maxi, parce qu’il y a du gravillon et de l’herbe en plein milieu. J’ai croisé deux ou trois renards, quelques biches, une chouette, un paqu et de buses, des chiens, des chats, une vipère. Dans les Alpes, j’ai fait la course avec une marmotte sur un chemin de terre. J’ai discuté avec des gens, sur les places des villages, dans les campings, les restaurants, les cafés, les magasins.

Pendant ces quelques mois, j’ai donc beaucoup roulé. J’ai aussi rencontré différentes personnes dont certaines sont aujourd’hui très chères à mon cœur. Je pense à Laurent, Seb, Laetitia, Eric, Elisa, Antoine que je vois régulièrement. A Voyou et à Clarisse, Au Philo et à Dame Jo, à Seb et Béa, qui m’ont gentiment hébergé au cours de mes voyages. A Fred qui a partagé mes vacances de mai. A Kali, Jésus, DéDé, Paco, Bea, Ted, Hege et tous les autres (que ceux que j’oublie ne m’en veuillent pas) avec lesquels j’ai discuté, par mail ou IRL. A Sam aussi, qui partage ma vie depuis cet été. En un an, je crois avoir cumulé plus de souvenirs et de rencontres qu’en plusieurs années auparavant.


Toutes ces rencontres m’ont permis de faire un grand pas qui me tentait depuis un moment, mais que je n’osais pas réaliser. J’en avais marre de Paris, mais j’avais peur d’en partir, de me retrouver toute seule, à l’autre bout de la France, sans boulot. Aujourd’hui, je sais que quelque soit l’endroit où j’irai en France, je peux facilement rencontrer des gens, des amis peuvent venir me voir (surtout si je suis dans une région viroleuses) ou je peux moi me déplacer. Alors, ce pas, je l’ai fait. J’ai abandonné ma carrière de journaliste, que j’ai beaucoup aimé pendant dix ans, mais qui ne me passionnait plus. Aujourd’hui, j’ai basculé dans un deuxième univers parallèle et je fais une formation de poterie avec pour but, dans deux ou trois ans, de m’installer à mon compte. Depuis la fin septembre, je vis donc à 200 km de Paris, dans la Nièvre. J’ai quitté mon appartement pour une petite maison dans une ferme. Le matin, j’ai 15 km à faire pour aller à la formation. La même distanc e que quand je bossais à Paris. Mais je mets trois fois moins de temps, je ne croise que quatre ou cinq voitures, un camion, un mobylette et j’assiste tous les matins au lever du soleil sur les champs.

Il y a un an, quand j’ai acheté ma SV, je ne savais pas que ma vie allait changer autant. Cette moto, je vous le dis, elle est terrible.


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