Samedi 29, jour J.
J’ai mal dormi. Pas à cause du stress, mais à cause du froid. Très optimiste sur la météo (il va faire beau tout le week-end), j’ai juste oublié qu’en altitude, en Auvergne, à la fin août, on n’est déjà presque plus en été… !
Dans le camping, ça s’agite, moi, j’y vais cool, j’ai le temps, je ne pars qu’à 10 h 43. Tellement cool que ce n’est qu’au dernier moment que je vais remplir ma bouteille d’eau. Las, ils ont changé le robinet de place pendant la nuit (non, ce n’est pas les restes de vapeur de la veille), je ne le trouve pas. Et je pars sans eau.
Petit coup de stress pour la forme au moment de passer le tapis. Et hop, c’est parti pour une trentaine de kilomètres de liaison.
Avant la course, je me suis bien fait expliquer toutes les modalités de passage aux CH et CP (un de mes buts de la journée : ne pas prendre de pénalités, donc on va essayer d’éviter les pénalités à la con qui font reculer pour rien dans le classement, hein Thomas ?).
Et surtout Jolitho m’a expliqué une stratégie de roulage sur le routier : 50 maxi dans les villages, 90-100 sur le gros roulant (pour avoir le temps de saluer les jumelles s’il y en a), gazatoc sur les petites routes dégagées et comme je veux/peux le reste du temps. Donc je pars, truffe au vent, routier dans ma sacoche, à guetter les flèches jaunes. Au bout d’une dizaine de kilomètres, je vois un phare dans mes rétros. Ah tiens, je me traîne, le mec derrière m’a déjà rattrapée. Il me dépasse, se met devant et nous voilà partis jusqu’au premier CH.
La course dans la course
Je viens donc de faire la connaissance avec le numéro 412, en ER6n verte moto-école, avec lequel je vais rouler régulièrement toute la journée… une fois qu’il m’aura rattrapée à chaque liaison entre deux CH. C’est sympa de rouler à deux, vu qu’il va plus vite que moi, il joue le rôle de poisson pilote et mettra même un peu de piment dans ma course. A certains CH, je pars avec l’objectif de ne pas me faire rejoindre avant… 10, 15 km et me voilà « à fond les gamelles » (tout est relatif), guettant de temps en temps dans mes rétros un phare, pour savoir si j’ai réussi mon objectif ou pas. Parfois oui, parfois non ! En tout cas, je me suis marrée toute seule. Et à priori, le 412 a dû cravacher sur certaines liaisons pour arriver à me recoller :o)
Motarde tendance « escargot »
Arrive la première spéciale. Ma première spéciale.
File d’attente |
Un petit coup de stress au moment du départ, pour la forme. Et je pars tranquillou, euh enfin gazatoc… enfin du plus vite que je sais faire, c’est-à-dire pas super vite ! Donc bon, je sais que je me traîne grave, j’essaye quand même d’utiliser au mieux toute la largeur de la route (parait que je suis bien restée à droite quand même, on n’efface pas une grosse centaine de milliers de km comme ça). J’ai déjà oublié le tracé des spéciales reconnu l’avant-veille (poisson rouge, tout ça). Et pour ma première… je freine à la ligne marquant la fin de la spéciale, alors que je suis censée être à fond à cet endroit, le point stop étant un peu plus loin. Les commissaires me hurlent de continuer, je comprends ma boulette. Et je ferais pourtant sur cette spéciale là mon meilleur temps. Va comprendre, Charles…
Kilomètre après kilomètre
Une fois l’émotion de la première spéciale passée, je repars et j’enchaîne, au fur et à mesure de la journée, les étapes de liaisons, avec mes courses avec le 412, les attentes à la spéciale de la Forêt, les temps de pause assez courts, qui laissent juste le temps de faire le plein, de manger une barre de céréales, boire un coup… euh, bah non, vu que j’ai pas eu le temps de remplir ma bouteille d’eau.
Le routier ne pose pas de problème particulier, si ce n’est quelques passages un peu gravillonnés, des épingles surprise juste après une côte (une sportive n’a pas aimé, apparemment). J’arrive avec deux à six minutes d’avance sur mon horaire, ce qui laisse le temps de papoter un peu avec les numéros 310, 315, 410, 412, 413, etc.
Ceux de devant |
Ceux de derrière |
Dans les villages, il y a souvent des gamins qui saluent quand on passe. Parfois les gens se sont installés, avec tables, chaises et apéros, devant leur porte. C’est super sympa, je leur ferais bien un peu de spectacle genre wheeling. Mais je ne sais pas faire, alors je me contente d’un petit V et d’un coup de klaxon :))
Un coup de chapeau aussi aux commissaires des CH et des CP, toujours avec le petit mot sympa, un bonbon. Mention particulière aux mecs du CP de l’étang des Marins qui, à mon grand regret, avaient le temps de se rhabiller de leur bronzage intégral entre deux motards :o)
Fatigue
Les boucles se suivent et se ressemblent. Tellement qu’au fil du temps, je m’emmêle un peu les pinceaux et finis par ne plus trop savoir où je suis et où je vais. Heureusement, mon poisson pilote 412 vient me sauver (quand il a réussi à me rattraper). Au fur et à mesure que la journée avance, je commence à accuser la fatigue. Le rythme de roulage est un peu soutenu, pas plus que certaines balades avec les copains, mais surtout beaucoup plus longtemps et avec peu de pauses. Et alors que j’ai l’impression de rouler de plus en plus vite, mon avance aux CH commence à se réduire. Mais je continue de pointer à l’heure. Pas de pénalités, j’ai dit…
Fin
Bah la fin, c’est tout bête, c’est un CH comme les autres, sauf qu’il n’y a plus de départ après. Direction le parc fermé pour y poser ma moto (ça serait bête de me prendre des pénalités là maintenant).
Derrière les barreaux |
Quand c’est fini, il y en a encore
La plupart des autres concurrents vont préparer leur moto pour la nuit, manger un bout, avant de repartir. Pour mon premier rallye, avec une moto dont j’ai un peu peur de toucher le circuit électrique et me sentant pas en super forme, j’ai préféré ne faire que l’étape de jour. Oui, je sais, mes excuses, elles sont toutes nazes et quand j’ai appris qu’il n’y avait qu’une seule boucle de nuit, je me suis dit que…
De toute façon, c’était trop tard pour brancher des additionnels donc le but de la soirée a été d’aller se poster à un départ de spéciale pour aller encourager les pilotes dans la nuit. Sauf qu’arrivés là où la route était fermée pour la spéciale de La Forêt, il nous a semblé un peu dangereux de partir à pied pour rallier le point de départ. Nous sommes donc restés dans le noir, à un croisement de route au milieu de nulle part, à voir passer des phares aveuglants et à gueuler comme des malades…
Déviation |
Route barrée |
Pilotes fantômes |
A discuter aussi un peu avec des spectateurs qui avaient eu la même idée que nous. Dont quelques gendarmes, bien déçus d’être arrivés trop tard pour soutenir un de leurs collègues mais qui m’ont permis de comprendre la présence ces gendarmes croisés plusieurs fois dans la journée, Gour de Tazenat, Manzat, installés au bord de la route mais pas vraiment en position de contrôle.
Une fois le dernier xenon passé, retour au camping et dodo assez tôt. Oui, je sais, je vieillis.
The end
Le lendemain, après une nuit encore bien froide (l’Auvergne et son climat tropical), je me lève complètement ratatinée. Là, je ressens vraiment la fatigue, j’ai de gros coups de pompe, quelques jolis vertiges… Un coup de soleil vendredi, un début de déshydratation pendant la course, la fatigue de la course et trois nuits à me les cailler et me voilà à plat. C’est donc tout doucement, tranquillement, que je suis rentrée chez moi l’après-midi, après un bon repas avec la Chabou team, le bouquet de fleurs coincé dans le guidon et la coupe calée à côté de la tente sur la selle passager.
Trophée |
C’est quand même pas mal d’être une nana dans un milieu de mec. Parce qu’avec mes temps de limace en spéciale, j’arrive quand même à être deuxième de la catégorie féminine. Bon d’accord, on n’était que deux…
Mes objectifs sont atteints : arrivée entière, pas de pénalités et pas la dernière au scratch jour (123 sur 130). Et surtout, je me suis vraiment fait plaisir. J’ai passé quatre super journées, rencontré plein de gens, papoté énormément, fait de la moto, pris quelques photos.
Il ne me reste donc plus qu’à faire un « vrai » rallye, comme disent les Anciens, avec étape de nuit. Et peut-être apprendre à aller vite (enfin un peu plus vite) sur route fermée. Rendez-vous l’année prochaine.