CORINNE 'TITE ROUTE
L'oeil dans le viseur, les roues sur le bitume, les mains dans la terre
Récit d’une fin de we prolongé
Il m’avait dit « tu verras, avec moi, la vie est une longue suite d’aventures ».
Je n’avais pas compris qu’aventure, ça voulait dire découvrir que la ferraille des pneus est visible, un jour férié à 18h30, à 400 km du domicile et 60 km du concessionnaire le plus proche, qui de toute façon, est fermé…
Il m’avait dit « tu verras, je suis très joueur ». Je n’avais pas envisagé que cela voulait dire « être capable de prendre la route avec deux pneus usés jusqu’à la corde pour rejoindre le concess le plus proche, parce que, faire jouer l’assistance, ça prendra trop de temps ».
Bref, mercredi matin, nous quittâmes la Creuse en direction de Limoges, à l’allure d’un escargot asthmatique qui essaye de préserver ses gommes. Plus les kilomètres passaient, plus je voyais la carcasse du pneu arrière avec l’angoisse que ça craque de manière un peu violente (parait que non, mais bon, maintenant, je me méfie des dires du monsieur). Le joueur a toutefois gagné son pari : nous sommes arrivés chez monsieur pneus sans avoir à appeler l’assistance.
Grand moment chez Moto Expert (très sympa et prix corrects au demeurant, merci à Trident pour l’adresse) : pendant que le Sumo recevait ses nouvelles chaussettes, on a regardé du côté des casques. Le vendeur est venu assez rapidement nous renseigner (pas moyen d’essayer tranquillement). Direct, il nous amène au rayon des casques les plus chers (« effet FJR », selon Steph) et surtout, me regardant droit dans les yeux, me lâche un « vous êtes passagère, sans doute »… Poin poin poin poin…
12h30, le Sumo est prêt, reste plus qu’à roder les pneus neufs.
Le vendeur de casque nous conseille une route entre Eymoutiers et Peyrat le Château : « 17 km de virages ». Nous partons donc vers Eymoutiers, mais ensuite, nous bifurquons vers Chamberet et Treignac. Il y a l’air d’y avoir plus que 17 km de virages.
Le Sumo devant moi se traîne un peu, j’hésite sur du gros roulant à lui faire l’inter. J’y vais, j’y vais pas ? Le temps de me décider, on change de route, plus petite, virages plus serrés. Caramba, l’inter sera pour une autre fois (mais j’y arriverai!).
Le Sumo est de plus en plus à l’aise. Parait qu’avec des pneus neufs, il penche plus facilement, de manière moins brusque. Ca se voit bien, le rythme s’accélère peu à peu. A tel point qu’à un moment, à force de le suivre, ma moto a fait scrouitch. Décidemment, ce garçon est vraiment une mauvaise fréquentation.
Treignac, Egletons, Neuvic. La route est belle, on se régale. Avec juste quelques appréhensions sur le temps à venir. Au-dessus de nos têtes, le ciel est bien gris. Je prédis à Stéph qu’il peut y avoir de la pluie avant le massif du Mont Dore. Gagné, on se prend une douche à Bort les Orgues pendant une dizaine de kilomètres. Dans les gorges de la Rhue, la route sèche peu à peu. Et je vois le Sumo qui s’éloigne devant moi sans que je puisse le rattraper. Marrant, il me semblait pas les avoir passé aussi vite à l’aller, ces gorges, trois jours auparavant. « Bah oui, maintenant, je ne t’attends plus entre deux virages »… Gasp, ça va devenir compliqué de le suivre, le Sumo, s’il se met à virevolter dans les routes à virages serrés et gravillonnés.
A Condat, nous avons la possibilité de remonter sur Besse puis de rejoindre Issoire par la vallée de la Couze Pavin. Mais je sais que la traversée du Cézallier est vraiment jolie et Stéph ne connait pas encore bien la région. On passe donc par les ‘tite routes de ma carte. Et effectivement, c’est très joli, ces paysages de prairie autour de la Godivelle. Et c’est d’autant plus joli que ça contraste énormément avec la vue qu’on a un peu plus loin sur la vallée de l’Allier, en arrivant sur Vodable. D’une prairie rase sur des vallons assez plats, avec quelques conifères dans les creux, on passe à de l’herbe haute, des arbres en fleurs et en feuilles. Le tout sous un beau soleil et un ciel bleu dégagé. Elle est vraiment belle, cette région. Et c’était bien de la traverser ainsi d’ouest en est.
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Corinne ‘tite route