Mon étalon rouge est un chat noir

Publié le 19 août 2013

Attention, pour cette histoire à rallonge, les ajouts se font à la fin de l’article et non pas au début comme pour les posts photo

Frapi, en juillet 2010, faisait la remarque : « Corinne encore en SV, heureusement qu’il y a des choses qui ne changent pas ».
Ben si, il y a des choses qui changent.
Avec un peu de recul, je me dis que je n’aurais peut-être pas dû essayer et rester confortablement sur une brêle plutôt fiable (à part un moteur, un régulateur et une batterie en 140 000 km). Mais voilà, j’avais un DR dans le garage qui m’avait titillé avec ses poumpoum dans les chemins auvergnats. Entre deux pannes. C’est-à-dire pas souvent vu le soin que j’ai mis à casser, maltraiter différents éléments de cette bécane. Bah oui, par exemple, personne ne m’avait dit que c’était pas forcément une bonne idée de rouler avec une bécane qui démarre sans batterie. Je suis une quiche en électricité, je n’ai pas vu le problème. L’alternateur si.
Mes mollets graciles ayant du mal avec le kick du DR (soyons clairs, je ne remets pas en cause le démarrage du DR qui était bien réglé, merci Jésus. Mais quand une bécane n’a pas tourné de plusieurs semaines, ça peut être compliqué. Et le compliqué avec le kick, j’ai pas trouvé ça drôle), je disais donc mes mollets graciles ayant du mal avec le kick du DR, et voyant passer une PA sur mon forum préféré, j’ai craqué pour un concentré de technologie italienne mâtinée d’autrichien qui démarre (normalement) par appui du bouton. J’ai nommé un Aprilia Pegaso.

*Episode 1*
C’est par un beau week-end de novembre que je vais chercher mon fier destrier. Comme il a été testé le week-end précédent par Benjamin, mon grand mètre, aka n°1 du Bras Kassés Racing Team, j’ai toute confiance. On fait les papiers, j’ai quelques interrogations quand le vendeur me passe une liasse épaisse comme le bras des factures de réparation (pas d’entretien, de réparation). Mais bon. Heureuse propriétaire d’une machine rouge, j’enfourche l’engin et je pars en balade.
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C’est le nombre de kilomètres qu’il aura fallu pour qu’il soit en panne immobilisante, le fleuron de la technologie du sud. Avant, il a bien calé deux trois fois, mais a redémarré soit au contact (joie) soit à la poussette (c’est bien d’avoir un mètre (il est grand) avec soi, merci Benjamin).
Après la bougie cassée dans le moteur de la SV, j’ajoute donc une ligne dans ma liste des pannes originales : c’est le démarreur qui est fendu. Si si.

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Un tour dans une casse plus tard, un démarreur d’occase et hop, la brêle redémarre et je peux partir à Alès voir les Scorpion Masters. C’était chouette, il faisait beau, la machine roule correctement et je me fais un beau retour de nuit jusque chez moi par les petites routes (et un peu de nationale sur la fin).

*Episode 2*
Bon, il roule le Pegaso. Mais il a parfois un peu de mal à démarrer (ce qui me vaut un « lâcher un DR à kick pour une brêle à démarreur électrique qui démarre pas, c’est ballot » de la part de Jésus, mon mètre 2). Ou alors il fait un sale bruit quand le moteur s’arrête. Diagnostic à l’oreille d’un mécano Aprilia et par mail de mon mètre 1 : ça ressemble à une roue libre en train de lâcher.
Mi-décembre, la brêle retourne dans le garage où elle était à l’épisode 1 pour démontage. Ce qui me vaut d’ailleurs une épopée sur l’A75 avec une remorque grand modèle et deux bécanes dessus au cul de l’Express qui, comme tout le monde le sait, possède un moteur surpuissant. Je les ai trouvées très looooooooongues, les montées de l’autoroute au niveau de Thiers. Et j’ai réussi à niquer le faisceau électrique de la remorque. Je vais finir par m’en acheter une au lieu d’abîmer celle des copains.
Au démontage, confirmation, c’était bien les galets de la roue libre qui commençaient à jouer des castagnettes…

*Episode 3*
Une fois la roue libre changée, courant février, le Pegaso revient chez moi. Sur remorque. On teste le démarrage, pas de souci, ça a l’air d’aller. Le moteur tourne bien. On range la moto dans mon garage. Ce n’est que le lendemain soir que je trouve bizarres ces taches au sol, au niveau de la fourche… Tiens, l’étrier est tout gras. Prise d’une subite intuition, je regarde un peu plus haut. Bah tiens, les tubes de fourche aussi sont gras. Bingo, les joints spi, qui n’avaient rien dit au premier remorquage, ont décidé de faire la gueule au deuxième. Poin poin poin poiiiiiin…
Un démontage de fourche et changement de spi plus tard, et un changement de pneus par la même occasion, la brêle est prête à repartir sur les routes d’Auvergne et d’ailleurs.

*Episode 4*
Ca tombe bien, c’est l’heure de la Tromph Partie, week-end de copains en Ardèche.
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C’est le nombre de kilomètres avant que je n’arrive plus à accélérer. Enfin je tournais bien la poignée mais pas de réponse, ou alors par hoquets. Super, de nuit sur l’autoroute… Le Pegaso renacle entre Brioude et le Puy. Après, il se remet à marcher très bien. Tromph l’a essayé le samedi matin, ça allait très bien aussi. Moi, j’ai pas roulé avec ce week-end là, trop malade. Retour dimanche fin d’après-midi. Bon, il doit y avoir une zone de mauvaises ondes entre le Puy et Brioude puisque la moto a recommencé à me faire des problèmes d’accélération pile à cet endroit. A moins que ce soit le climat du coin qui explique des givrages carbus…

*Episode 5*
A priori, le ratatouillage s’expliquerait par cette concentration d’air froid et humide dans les carbus, déjà testée avec la SV du côté de Brioude (doit vraiment y avoir un truc pas net dans l’air par là-bas). Surtout que la moto marche très bien au cours de deux balades locales. Mais comme on a évoqué la piste des carbus encrassés, Tintin met les doigts dedans. Puis s’en va. Et moi je pars quelques jours plus tard en balade. Mais bord^^^^l de me^^^^^de ! Pourquoi qu’elle ratatouille cette brêle ??? Après inspection du bazar, la rondelle qui s’intercale entre le ressort de rappel et le boisseau semble s’être fait la malle lors de l’inspection précédente. Ca ne s’invente pas.
Et là, je remercie publiquement mon père de m’avoir appris à garder toutes les vis, boulons, rondelles divers et variés lors de mes bricolages puisque la solution de mon problème était dans les pots de yaourts (la Laitière, vanille) où je les stocke. Donc là, tout va bien, le moteur tourne bien. Je fais quelques balades vraiment sympas, je commence à prendre l’étalon en main et j’en tire beaucoup de plaisir.

*Episode 6*
Ben non, tout ne va pas bien… Oh, ce n’est pas grand chose. Juste quelques gouttes sur le sol. Pas bien grosses. Pas nombreuses. Mais quand même là. A priori, ça ressemble à un joint torique de couvercle de filtre à huile qui lâche (pourtant, je comprends pas, il n’a pas été mis en compression suite à un sanglage, lui). Il va être remplacé sous peu. Et je vais continuer à aller me marrer sur les tites routes auvergnates et d’ailleurs avec ce trail que je trouve rigolo quand il veut bien rouler et n’est pas en panne. Trop peu à mon goût pour le moment, mais je compte bien inverser la tendance.

*Episode 7*
La fuite d’huile n’est toujours pas réparée, BM n’a pas encore reçu le joint (ou n’a pas appelé, c’est possible aussi). Mais ça n’empêche pas de rouler. Donc par une belle journée de printemps, nous décidâmes à plusieurs motards d’aller tester les routes du Cantal. Un petit coup d’autoroute pour aller rejoindre la vallée de l’Allagnon. Ben v’là t’y pas que le Peg’ recommence à me faire des caprices.
Donc la mauvaise nouvelle, c’est que les coupures d’accélération de l’épisode 4, ce ne sont pas des givrages carbu, va falloir trouver une autre explication. Les symptômes : après quelques kilomètres d’autoroute à environ 120 km/h, l’action de la poignée de gaz n’a aucun effet (j’ai donc réussi à trouver une brêle qui aime aussi peu l’autoroute que moi). Le moteur continue de tourner mais refuse de monter dans les tours. Puis repart un peu. Puis arrête d’accélérer de nouveau. Des fois, ça repart pour quelques centaines de mètres. Et des fois, même en descendant les rapports, la moto finit par caler. Après un arrêt, elle repart mieux.
Donc là, le Peg’ m’a fait son caprice sur une dizaine de kilomètres. Puis a roulé parfaitement durant toutes les gorges de l’Allagnon (ouf, merci, c’était chouette) pour refaire son récalcitrant sur les dix kilomètres suivants. Arrêt essence à Massiac, on enchaîne 40 km d’autoroute, pas de souci même si sur les deux derniers kilomètres, j’ai cru qu’il allait recommencer. Petit détail qui peut avoir son importance : à la sortie de l’autoroute, le voyant de pression d’huile s’est allumé de manière fixe. J’ai cru que la moto avait calé mais non, le moteur tournait bien. Un coup d’accélérateur, le voyant s’éteint. Au ralenti, le voyant se rallume. Bizarre. Derrière, on a enquillé 250 bornes de virolos, routes en tout genre, du chemin défoncé à la grosse route au bitume lisse. Pas de souci, le Peg’ a roulé nickel, pas de coupure d’accélération ni de voyant qui s’allume et je me suis bien marrée !
Autre particularité de la bête, en ville, apparemment, le moteur chauffe très très très vite, le ventilo fonctionne bien et le voyant de pression d’huile évoqué plus haut se met à clignoter régulièrement. J’ai vérifié le niveau d’huile. Malgré la gougoutte perdue quotidiennement, il est bon. Ce n’est donc pas un niveau trop bas…

*Interlude*
J’ai roulé un soir avec le Peg’ pour savoir s’il démarrait encore. La réponse est oui. C’est donc la monture que j’ai choisie pour faire l’aller-retour vers la riante cité de Montargis sur une journée. Oui, je sais, je dois être un peu masochiste de faire de la route chiante avec une bécane qui peut tomber en panne. Mais en fait, elle a eu l’air de vouloir tomber en marche…
Donc :
– plus de fuite d’huile. Il a suffi d’acheter le joint pour que ça s’arrête. Juste acheter, même pas besoin de mettre en place…
– en 800 bornes, presque pas de caca nerveux, juste un semblant de coupure d’accélération un peu avant Sancerre, pendant deux kilomètres. Je n’ai pas réussi à reproduire le phénomène (je parle du fonctionnement, pas de moi), malgré mes tentatives de rester à 120 km/h en stationnaire (vitesse compteur italien, faut pas déconner).
Par contre, j’ai cru faire connaissance avec l’électricité italienne. A chaque freinage, baisse de l’intensité lumineuse du phare. Rigolo comme tout sur un freinage en entrée de virage en rase campagne la nuit. Et pendant une dizaine de kilomètre, à chaque fois que j’embrayais, ça allumait mes pleins phares. Même lumières éteintes (j’ai testé pour voir). Il s’est révélé que c’est un bête problème de comodo qui bouge un peu trop, l’ancien proprio l’ayant déserré parce que sinon « le bouton d’arrêt des clignos ne marche pas bien ». Du coup, quand j’embrayais, le levier appuyait sur l’appel de phare. Le problème est donc identifé mais non résolu : une tentative de resserrage des vis du comodo s’est soldée par un échec, les vis tournent dans le vide. Le phare a eu la bonne idée d’avoir un fonctionnement normal, merci à lui.

*Episode 8*
Mais quelle brêle de meeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeerde !
Voilà, fallait que ce soit dit. Suite à diverses discussions avec divers copains à propos du voyant de pression d’huile qui s’allume quand le moteur est chaud et au ralenti, décision est prise de faire la vidange d’huile pour la remplacer par de la XW50. Ce sera de la 10W50, vu que c’est ce que j’ai trouvé en magasin.
Démontage sabot, vidange du réservoir, vidange du carter, tout se passe plutôt bien. Et là, mon regard se pose sur la fourche. Tiens, le tube est tout gras. Ca vous rappelle quelque chose ? Oui, moi aussi, voir plus haut épisode 3. Le remorquage qui avait été mis en cause à ce moment n’y est peut-être finalement pour rien, il doit y avoir un autre problème à cette fourche. Le reste de la vidange s’est à peu près bien passé : l’opercule d’étanchéité de la bouteille d’huile m’a pété entre les doigts, l’huile a débordé du réservoir alors que j’avais pas rempli des 2,1 l préconisés par la RMT. La moto va fumer bleu pendant quelques temps.
Après tests, il s’avère que la manipulation a eu l’effet escompté : le voyant ne s’allume plus quand je suis au feu rouge.
Lors de la vidange, j’ai aussi découvert que la vis de vidange du carter en bas est aimantée à l’intérieur. Pratique pour récupérer tous les petits copeaux de métal qui semblent se balader dans le moteur… J’ai un peu galéré pour tous les enlever, mais j’y suis arrivée.
Et d’ailleurs, je me souvenais pas que cette vis était percée pour recevoir un freinage. Mais là, c’est peut-être ma mémoire qui me joue des tours et mon caractère suspicieux qui me fait penser que cette bécane n’a pas forcément servi qu’à promener pépère le samedi tranquillou…

*Episode 8 – Le verdict*
Après un week-end de roulage sur les routes d’Auvergne (gasp, le Cantal, c’était juste orgasmique) avec le tube gauche qui se vidait gentiment (mais pas sur les freins, il a été sympa), un copain vient de m’aider à démonter la fourche. A l’inspection, le doute n’est plus permis : les tubes sont usés/rayés. Sur celui de gauche, c’est bien rayé, c’est pour ça que ça fuit. Sur le tube de droite, c’est juste usé, ça ne devrait donc pas tarder à fuir. A priori, c’est un problème rencontré fréquemment avec les fourches inversées des Peg’. Changer les joints spi ne servira à pas grand chose, je vais être bonne pour changer les tubes.

Désormais, les épisodes sont numérotés par date, c’est plus pratique…
*Episode mars 2012 – la fourche*
Bon, après plusieurs mois où le Peg a reposé sur la béquille et quatre bûches (signe du Bras Kassés Racing Team, on ne se refait pas, dommage, j’ai pas fait de photo, c’était sexy dans le garage ), je me suis enfin occupée de cette satanée fourche : changement de spi mais aussi des bagues, qui étaient bien usées, inspection du tube qui finalement n’est pas si rayé que ça.
Merci à Croutard pour l’énorme coup de … main !
Ce matin, donc, remontage de la fourche et de la roue avant. La fourche, pas de souci. Mais la roue avant… Comment élever l’avant de la moto alors qu’on ne peut pas la suspendre au plafond, ni mettre une béquille sur l’avant et encore moins mettre un cric dessous vu que quatre bûches occupent tout cet espace ?
Quelques suées, des frayeurs et une chute (à l’arrêt) de la moto plus tard, j’y suis quand même arrivée.
La roue est remontée, la batterie rechargée, la moto démarre au quart de tour.
Suspens suivant : va-t-elle rouler et quand va être la prochaine panne ? J’ai repéré quelques suintements de liquide de refroidissement qui présagent du meilleur…

*Episode mai 2012 – ça penche quand ça freine*
La bécane a survécu à un périple dans le Jura. Je n’ai pas eu de panne et la fuite semble s’être arrêtée (vu que j’ai pas serré le moteur, c’est qu’il reste pourtant de l’huile). Mais tout ne peut pas être parfait et quand je freine, le guidon donne un léger coup sur la droite. En ligne droite sans freiner, la moto se comporte bien, je n’ai pas l’impression que la direction est dure. Le mouvement (un peu comme si la roue se redressait) est plus sensible à vitesse « élevée » et si je freine un peu sec, mais ça arrive tout le temps, c’est juste moins flagrant à basse vitesse.

*Episode octobre 2012 – le retour…*
Le Peg était parti se faire faire une petite santé chez Murol Moto Sport et je l’ai récupéré ce soir. Verdict : cette brêle a bien été massacrée par le passé et il y a des mécanos qui sont de véritables sagouins. Un jeu aux soupapes fait n’importe comment, un joint trop épais au niveau d’un carbu qui faussait complètement le niveau de cuve, des durites percées…
Une fois tout ça remis en ordre, j’ai récupéré une moto avec 48 poneys en pleine forme, qui ne rechignent plus autant sous les 3 000 tours. Le moteur me semble bien plus rigolo que celui de la BM*, par contre niveau confort, la BM est quand même plus moelleuse.
Il ne me reste maintenant qu’à valider ça sur un grand trajet et notamment d’aller tester le comportement à « haute vitesse » stabilisée pour savoir si les « coupures » sont toujours là. Nouveauté toutefois : maintenant, la brêle cale dès que je m’arrête plus de 2 secondes. Le moteur tourne correctement et pof, ça coupe net. Va falloir que je change le pneu avant qui est bien fatigué et que je m’occupe des pots qui sont tout rouillés. Je n’ai pas récupéré une brêle toute neuve, elle affiche quand même ses 15 ans et garde quelques séquelles des proprios précédents. Mais je devrais pouvoir m’amuser un peu avec dans les mois à venir à condition de ne pas m’arrêter trop souvent.

*F650GS monocylindre acquise histoire de pouvoir rouler sans craindre de tomber (trop souvent) en panne…

*Interlude mai 2013*
Entre deux déluges, hier, la route a eu le temps de sécher et à l’heure où tout le monde se cale devant son assiette et la télé, je suis partie à la conquête du Cézallier.
Ma monture : le Pegaso, qui m’a fait l’honneur ce soir-là de bien vouloir démarrer et de ne pas faire trop de caprices : il n’a calé qu’une fois, au feu rouge en ville, au tout début. Un petit réglage d’amortisseur, dont je me suis subitement rappelé l’existence, a supprimé ses mouvements ondulatoires digne d’un chameau qui donnaient la nausée. La tenue de route en est bizarrement améliorée… Prochaine étape, trouver pourquoi il tire à droite quand je freine, mais chaque chose en son temps.
Du coup, j’ai fait un petit tour fort sympathique, une boucle entre Lembronnais et Cézallier, au gré du vent et des carrefours. J’ai hésité à suivre quelques chemins mais les pluies récentes et mes pneus lisses m’ont fait rester sage. J’ai croisé des vaches avec leurs belles cornes et encore leur pelage d’hiver, un renard aussi surpris que moi qui a détalé dans une prairie, quelques lapins qui ont zigzagué devant ma roue jusqu’à comprendre qu’il valait mieux détaler sur le côté. Les routes étaient viroleuses et gravillonnées comme je les aime, les rivières pleines à déborder, la nature est vert fluo des jeunes pousses gorgées d’eau qui n’ont pas encore assez vu le soleil. Je suis rentrée au moment où les films à la télé se terminaient. C’était une belle soirée.

*Episode mai 2013 – Durite*
Suite au souci de freinage dont je parle plus haut (l’épisode d’il y a un an, suivez donc !), j’ai étudié plus attentivement ce qui se passait de ce côté-là. Bilan : durite de frein avant plus que cuite, ça gonfle de partout quand j’actionne le levier.
Après un coup de fil à Auvergne Freinage, la décision est prise, je démonte la durite, je vais demain à Clermont et normalement, ce week-end, j’ai une Italienne au freinage d’enfer (c’est que ce sont des étriers Brembo que j’ai sur la bête, oui monsieur). Et sans doute toujours un coup sec vers la droite, mais ça, c’est un autre problème.
Je sors le monstre du garage, histoire de faire un démontage à la lumière du jour et accessoirement, s’il y a des gouttes de liquide de frein qui tombent par terre, je préfère que ce soit sur le bitume qu’une pluie de printemps, qui ne manquera pas de tomber sous peu, viendra rincer, plutôt que sur le sol de mon garage qui en a pourtant vu d’autres (c’est bon, la phrase est finie, vous pouvez respirer).
Et là, je trouve qu’il est bien lourdaud et pataud, mon étalon d’ordinaire si agile. Mon regard suspicieux se porte vers la roue arrière. Pffffffffff… fais-je. A peu près comme la chambre à air. La coupable : une vis plantée joyeusement dans le pneu. Et pas bien loin, un caillou itou. Je risquais pas de repartir.
Donc en plus de la durite, j’ai démonté le pneu arrière. C’était également prévu pour la BM dont les témoins du pneu sont laaaargement atteints. Sur mes trois bécanes, ce soir, aucune n’est roulante… Mais ça va pas durer.

*Episode mai 2013bis – quand les mécanos s’y mettent*
Pneu changé. Mais monté à l’envers… Plus qu’à le rapporter pour qu’ils me le mettent dans le bon sens…

*Episode août 2013 – même pour les banjos, la taille, ça compte*
J’ai essayé de monter la durite, faite sur mesure un peu avant de partir aux Etats-Unis dans un magasin à Clermont, histoire de faire bosser le commerce local plutôt qu’internet. Ben j’aurais pas dû.
Au moment du montage, c’est le drame, les banjos n’ont pas de la bonne épaisseur. Ils sont trop minces et du coup, les vis d’origine sont trop longues, le banjo ne se retrouve plus positionné correctement par rapport à la gorge des vis et comme les vis adaptées n’ont pas été fournies avec la durite, je me retrouve coincée.
Coup de fil puis visite au magasin : « on n’a pas de vis adaptées, ça n’existe pas les banjos plus épais, z’avez qu’à couper les vis ou bien mettre deux joints l’un au-dessus de l’autre pour rattraper l’épaisseur ». J’ai apprécié la qualité des conseils techniques sur ce point anecdotique de la sécurité d’une moto qu’est le freinage avant. Sachant que sur le Peg, tout élément pouvant être amené à merdouiller partira forcément en couille (le chat noir s’appelle Murphy de son petit nom), j’ai préféré m’adresser à des professionnels du freinage moto. Donc commande passée sur le net mardi en début d’après-midi, paquet reçu jeudi matin avec la durite, les vis adaptées et les joints, pour un prix inférieur à celui de la durite seule dans le magasin à Clermont. Think local qu’ils disent, ben en terme de local, ça fait au moins bosser ma factrice…
Et accessoirement, après examen attentif d’un point qui me semblait bizarre, l’un des deux banjos de la durite clermontoise n’est pas coudé correctement, avec une erreur de 20°.

*Episode août 2013 bis – la panne*
La panne, la vraie, celle où je regarde ma moto ne sachant que faire. Après appel à un copain (merci Moustique), j’ai tenté une manip qui n’a rien donné. Le Peg est dans le garage d’un sympathique monsieur à Tarare, à environ 160 km de chez moi.
Les circonstances : je m’arrête assez bêtement pour changer le pli de ma carte, comme je le fais régulièrement et là, je trouve que ça sent bizarrement l’essence. Effectivement, ça goutte, ça dégueule même. Ca semble venir d’un carbu, pointeau sans doute coincé. Je n’ai pas réussi à le décoincer, le Peg a même refusé de redémarrer dans la foulée. Je n’ai pas tenté l’ouverture là comme ça sur le trottoir, j’ai choisi l’option hébergement du chat noir chez l’habitant, juste à côté de la rue de la Venne (si si, phonétiquement, c’est très drôle) et de la rue du Gaz (j’aurais aimé en mettre un peu plus, un peu plus longtemps). Retour à la maison en taxi avec un motard au volant. Au moins, la discussion a été sympathique.
Pourtant, le week-end n’avait pas été si mauvais. J’en étais à 1 300 km depuis jeudi soir et même si je n’ai vraiment pas aimé le mono sur les petites routes de montagne (je n’étais jamais sur le bon rapport dans les épingles), je me suis un peu plus marrée sur certaines routes de campagnes. J’en étais arrivée à la conclusion que c’est pas assez souple pour moi et je prévoyais de m’en débarrasser. Si j’ai eu l’ombre d’un doute sur cette décision à un moment donné, il est bien parti avec le coup de calcaire à Tarare. J’hésite entre brûler le Peg pour allumer le barbecue (je crains pour le goût de la viande), le mettre dans une rivière (ça serait pas sympa pour les poissons) ou plus certainement, le mettre dans une casse d’où il vient probablement (car il ressemble quand même pas mal à une moto qui était partie épave et qui a été remontée par un sagouin, ou même plusieurs). Dans tous les cas, je crois bien que notre histoire d’amour va s’arrêter sous peu…

*Episode juin 2014 – la fin *
Après quelques mois passés dans l’ombre de mon garage sans que je daigne lui jeter un coup d’oeil, le Peg est parti vivre une autre vie sous d’autres cieux en même temps que la SV d’ailleurs. Avec la seconde, j’ai parcouru la France pendant une dizaine d’années, vécu de beaux moments, vu des paysages merveilleux et même changé de vie. Avec la première, j’ai surtout fait marrer les potes… Reste à savoir si le chat noir qui l’a accompagné toutes ces années est parti lui aussi !


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