Ne dites pas à ma mère que le week-end, je vais rouler en moto dans la neige, boire du vin chaud au clair de lune et dormir dans la tente de garçons à 1 100 m d’altitude alors qu’il fait -10°C dehors, elle croit que je tricote des pulls en regardant la télé !
J’aime pô la télé |
Il y a un peu plus de six mois, sachant que le programme télé du 7 décembre ne serait pas alléchant (le garçon est prévoyant), Didier me propose un truc nettement plus rigolo : l’Authentic, une concentration hivernale toute nouvelle sur le plateau du Cézallier. L’hivernale, j’ai déjà testé en mars avec la Burle comme passagère de side. Et le Cézallier, pour ceux qui ne connaissent pas, c’est une portion de l’Auvergne où la météo est tellement rude que les vaches ont le poil long et les arbres sont planqués dans les reliefs (peu nombreux) du terrain. Bref, un plateau pelé à un peu plus de 1 000 m d’altitude, où on trouve de la neige une bonne partie de l’année (et quand il ne neige pas, c’est qu’il gèle trop fort). L’endroit rêvé pour ce genre de sauterie moto. J’ai donc signé pour y aller.
L’idée initiale est que Didier et Stéphane partent de leur sud lointain en side, qu’ils viennent chez moi le vendredi soir et qu’on aille tous les trois sur le side samedi direction le pôle nord auvergnat.
Premier changement : Didier m’appelle en début de semaine, pour me proposer de retrouver dès le vendredi du côté de Saint-Flour les mecs du MC La Burle (moto-club qui organise entre autres l’hivernale de mars, ce que vous devriez avoir compris si vous avez cliqué sur le lien ci-dessus). Chic, une fête qui commence à l’avance, je sautille de joie. Rendez-vous est donné au sud de Saint-Flour, je descends en voiture avec mes affaires, Didier et Stéphane m’y récupèrent vendredi et m’y reposeront dimanche.
Deuxième changement : vendredi matin, Didier m’appelle pour me prévenir de son heure de départ et lance négligemment un « il va faire très beau ce week-end, les routes devraient être dégagées, tu devrais venir avec ta moto, tu t’amuserais plus ». Il est dix heures du matin, je me réveille tout juste d’une mauvaise nuit, tout n’est pas encore très bien connecté au niveau du cerveau et, le temps de la douche, l’idée sournoise fait son chemin. Et c’est comme ça que trois heures plus tard, je me retrouve au guidon de ma moto au col de la Fageole, dans un épais brouillard, sous une pluie qui commence à se transformer petit à petit en flocons qui s’accrochent à la visière du casque… Bah oui, le beau temps, c’est pour samedi et dimanche, pas pour aujourd’hui. Vu l’heure, coup de fil pour réarranger le RDV (oui, comme d’hab, je suis en retard). Didier, qui apprend à ce moment-là que j’ai finalement pris la moto, me lâche un « Gloire à toi ! » suivi aussitôt d’un « tu vas en chier »… Pour l’heure, ça reste raisonnable, la neige fondue ne tombe que vers Saint-Flour, ailleurs, c’est de la pluie, le brouillard se dissipe et les routes de l’Aubrac que j’emprunte sont dégagées. Après une pause chocolat chaud à Laguiole, nous reprenons la route direction Pierrefort pour retrouver les Burlos. Se retrouver à Laguiole (125 km de chez moi) pour aller dormir à Pierrefort (100 km de chez moi) avant de filer samedi à Ardes-sur-Couze (25 km de chez moi), ce n’est pas très logique ? Certes, certes, mais bon, comme déjà dit par ailleurs, la ligne droite est peut-être le plus court chemin entre deux points, mais c’est loin d’être le plus drôle.
Excellente soirée avec les Burlos à l’hôtel Le Panoramic au très bon rapport qualité/prix/sympathie du patron. Je partage la chambre de mes compagnons de route qui seront mes compagnons de tente demain soir, ce qui nous permet de nous tester au niveau des ronflements : tout va bien, on est super raccord sur le sujet !
A noter, je suis la seule nana du groupe, et la seule solo, c’est-à-dire avec une moto à deux roues, les autres ayant un appendice latéral équipé d’une troisième roue, offrant parait-il une meilleure stabilité sur la neige. Bref, ils sont tous en side et le samedi matin, je ne me méfie pas à propos du road-book emprunté pour rejoindre Ardes-sur-Couze et je suis la troupe tranquillement. Je commence à m’inquiéter un peu à la vue de la taille des routes, de plus en plus petites, et des panneaux sur les côtés. Prat-de-Bouc, c’est pas le nom de la station de ski locale, ça ? Ils n’ont pas fait ça ???? Et bien si, nous sommes donc passés au pied des pistes et la neige par moments s’invite sur la route. Je roule lentement, mais sans prendre le temps d’admirer le paysage, pourtant fort joli là-haut.
A l’occasion d’une pause |
Didier et Stéphane m’ouvrent la route, me signalant les grosses plaques de neige. Je passe les premières sans trop d’encombre, même si je ne suis pas rassurée. Mais je bloque devant une descente tout de blanc revêtue : début de panique, je ne le sens pas, ça ne va pas passer. Je choisis donc d’utiliser mon joker de la journée et de laisser le guidon de ma moto à Stéphane pendant que je prends sa place dans le panier du side. J’avoue, c’est moins stressant de voir quelqu’un d’autre rouler sur la neige ! Un peu avant Ardes-sur-Couze, je vais remonter sur une moto, mais pas la mienne, celle d’un motard qui a fait une cascade sur une plaque de verglas cachée sous un peu de terre et de feuilles. Il part avec les pompiers (épaule déboîtée) pendant que j’amène son ZR7 jusqu’à Ardes. C’est là qu’on récupère les tickets, passe, autocollant, verre et surtout la localisation du lieu de campement. Ca se passe à la Cabane à une quinzaine de kilomètres, j’ai le malheur de dire que je connais ce qui me vaut un « Bah puisque tu sais où c’est, tu n’as qu’à passer devant ». Mais euh !! Je reprends donc le guidon de ma BM et c’est une petite file de sides et de motos qui prend la direction du plateau enneigé. La route est bien dégagée mais quand même humide et à l’ombre, je ne fais pas la fière.
Là-haut, c’est beau, c’est blanc, il fait un grand soleil et il y a plein de monde.
Vue générale |
Pendant que je laisse ma moto sur le parking extérieur, les sides vont s’enfoncer dans le champ de neige derrière le restaurant.
Ma BMeuh |
On pousse |
Et on pousse encore |
Et c’est l’installation du campement.
Pelleter la neige |
Préparer les tentes |
Préparer le vin chaud |
Au fur et à mesure de l’après-midi, le campement s’étend et alors que nous étions plutôt isolés, nous nous retrouvons tout entourés. Les tentes se multiplient, les feux commencent à s’allumer. L’avatange des sides, c’est que la capacité d’emport est largement supérieure à celle des motos et comme les Burlos sont des gens organisés, nous avons une jolie tente sous laquelle nous abriter, avec tables et sièges suffisants pour la quinzaine de personnes du groupe. D’autres ont poussé le vice jusqu’à apporter un poêle à bois.
Une vue du campement |
Casse-croûte |
Pendant ce temps, les motos regardent le paysage |
Des motos, il y en a plein, de toutes sortes. Cela va de la mob à la Ducati 900 SS (en mode rodéo sur la neige), en passant par beaucoup de side-cars, des gros trails, des petites vieilles. Mais franchement, je ne m’attendais pas à trouver un Pegaso, le même modèle que le mien, mais qui marche lui ! Comme quoi ça existe, ils ne sont pas tous en panne… Ce Peg est équipé pour l’hiver, avec même les chaînes pour pouvoir mieux sortir de la neige.
Pegaso 650 |
Chaînage |
L’après-midi passe, les températures baissent autant que le soleil sur l’horizon, c’est là qu’il fait bon être auprès du feu.
On se réchauffe |
Oui, devant le feu, ce sont bien deux cocottes minute. Vraiment pratiques les sides, non ? Et ce n’est pas parce qu’on va passer la nuit dans la neige qu’on se laisse abattre : soupes de légumes, pot-au-feu, saucissons, pâtés, fromages, un truc est sûr, c’est qu’on ne risque pas de mourir de faim. Ni de soif d’ailleurs !
On va donc passer la soirée à discuter autour du feu, manger, boire du vin chaud, aller jusqu’à la buvette, discuter, boire un vin chaud, discuter, discuter, discuter (bon, en même temps, là, ce n’est pas l’endroit idéal pour regarder la télé…).
A un moment donné, j’ai capitulé devant le froid et la fatigue et j’ai essayé d’aller dormir. Je dis essayer, parce que malgré un équipement assez conséquent (caleçon long, t-shirt à manches longues, deux paires de chaussettes, polaire, bonnet, gants et deux duvets), ben j’ai eu un peu froid et moi, quand j’ai froid, je dors mal. Puis bon, vous avez vu la tête de mes voisins de tente ?
Une lueur dans le noir |
En plus, la nuit, en altitude, c’est loin d’être calme… Entre ceux qui décident de vérifier si leur moto démarre encore, les chanteurs qui se découvrent un talent à 4h du matin et les ronfleurs qui se parlent de tente à tente, la montagne a été bruyante cette nuit-là.
Au petit matin, le feu brûle toujours.
Se réchauffer |
Après le petit-déj, le programme est simple : remballer, démarrer la moto (pour celles qui le veulent bien) et rentrer. Le campement est assez vite plié, il faut les câbles pour mettre en route certains sides. Les va-et-vient de la veille ont laissé des traces dans la neige et ça patine un peu pour repartir.
Et on repousse |
Les Burlos ont pris la direction du Puy, Didier et Stéphane vont chercher les routes enneigées avant de rejoindre leur sud. De mon côté, après avoir hésité à passer par le plateau, j’ai préféré redescendre sur Ardes avant de remonter sur Issoire. Au final, c’était un très bon week-end, « sévèrement burlé » avec la joyeuse équipe du MC la Burle que je compte bien retrouver pour leur hivernale. Merci à eux pour leur accueil et à Didier de m’avoir proposé cette sortie. Stéphane a fait de chouettes photos qui se trouvent ici.
Sévèrement burlé |
Epilogue : comme cadeau de Noël, j’hésitais à demander un kit d’aiguilles à tricoter pour apprendre la méthode circulaire que je ne connais pas et qui -attention, technique- limite le nombre de coutures pour un pull, mais je me demande s’il ne serait pas plus judicieux d’avoir un matelas gonflable de meilleure qualité que le mien et surtout un peu plus épais, qui isolerait mieux du sol et donc du froid…